Aspirator

Pièce métaphysique pour deux clowns-acrobates, un tas de poussière et un aspirateur dévorant, Aspirator s’adresse au jeune public à partir de 6 ans.

Sur scène, deux personnages sont pris dans un tas de poussière, bientôt rejoints par un aspirateur qui se fait de plus en plus menaçant, qui finira peut-être bien par les engloutir tout à fait ! Un jeu qui devient prétexte à évoquer des questionnements métaphysiques qui se font jour dans l’enfance, sur le temps qui passe, le cycle de la vie et la disparition, non sans beaucoup d’humour et de délicatesse.

Pragmatique, l’aspirateur entre en jeu ;
De type industriel, il est banal. Il fait le travail, aspire la matière qui disparaît magiquement.
Enfin pas tout à fait…
Semblable à un animal fouissant le sol pour se nourrir constamment, il en devient presque vivant.
Et si, à force de manger, il devenait de plus en plus autonome, une bête dévorante et incontrôlable, effaçant tout sur son passage ?
Est-ce que tout a vraiment « disparu » ?
Si on allait regarder dans son sac-estomac…
Et si cette matière, méprisable poussière, une fois digérée, devenait trésor ?
Tel un cobra dressé, il danse ; il chante aussi ; son son d’aspiration vrillant dans des aigus aux accents de diva.
Il ne faudrait pas y coller l’oreille, au risque de se faire aspirer quelque chose dans la tête et que cela provoque des trous dans la mémoire, une amnésie passagère.
Collés à la bouche d’aspiration, nous pourrions même être entrainés, soulevés dans les hauteurs, là où la poussière qui voltige alentours devient poussière d’étoiles, là où l’aspiration prend la dimension suprême d’un trou noir.
Jusqu’à être avalés tout entier…
Mais non ce n’est pas l’heure !
On ne devient pas poussière comme ça, en un claquement de doigt.
Reviens dans 1000 ans sale bête !
Traversant la pièce en pointillés, des symboles empruntés aux contes (le petit chaperon rouge dans le ventre du loup, la chaussure de verre de cendrillon retrouvée dans l’aspirateur, la figure de l’ogre goulu…).
Ceux-ci nous permettent d’évoquer la perte, la disparition, et de confronter, – avec la distance si précieuse de l’humour et grâce à l’art du clown qui échappe aux contingences de notre condition -, notre peur de la mort.
Partant du fait que pour un enfant, « vieillir » c’est plutôt « grandir », et que c’est quelque chose de sacrément réjouissant, nous aimerions que les jeunes spectateurs puissent peu à peu prendre le parti de l’Aspirateur, qui finalement, à l’image d’un animal de compagnie – certes un peu magique, deviendrait sympathique.
En toute logique, dans le regard des enfants, l’Aspirateur prend sa part au grand cycle naturel. Ni plus ni moins.

Mélissa Von Vépy
Janvier 2024

Création le 8 octobre 2025 au Théâtre de Nîmes
Spectacle jeune public dès 6 ans