Spectacle
Blind Action
Elsa Guérin et Martin Palisse
Performance cirque jonglage
Création 14 juillet 2011 au Centre National du Costume de Scène à Moulins
Direction artistique Jean-Marc Grangier, directeur de la Comédie de Clermont scène nationale
Blind / Action (1, 2…) est une performance liée à la création du spectacle POST (création 2011), une variation sur l’enjeu et la contrainte. En supprimant la vue, en jouant du fait d’être aveugle et en acceptant le phénomène aléatoire que cela implique, il est ici question de renouveler le rapport à l’autre, qu’il soit personne, objet, espace, ou temps. Question aussi de trouver un enjeu inédit pour le jonglage, et de s’amuser avec l’ambiguïté du mot performance dans la langue française : cette courte pièce s’affilie par son caractère aléatoire à la performance (dans le sens d’action ou happening), propose un autre enjeu pour le jonglage que la prouesse (que l’on appelle aussi performance), et tend en même temps à la performance (dans le sens d’un surpassement physique) en mettant en jeu des personnes, avec des balles, les yeux fermés pendant une durée certaine.
Blind / Action active également notre volonté d’expérimenter différents rapports au public et de multiplier les modes de représentations (chapiteau, théâtre, extérieur, circulaire, frontal…), la proximité restant récurrente… comme une nécessité d’immerger le spectateur et l’acteur ensemble dans l’expérience sensible. Ouvrir cette proposition à divers lieux (lieux non dédiés au spectacle, centres d’arts…), dans divers contextes, climats, lumières, horaires, le jouer comme un marathon 7 ou 10 fois dans une journée, une nuit, en fait partie intégrante comme une expérience in situ et une performance physique s’inscrivant dans la notion d’endurance.
Elsa Guérin
Daniel Larrieu, danseur et chorégraphe (nov.11) : « On dit « que savent jongler » celles et ceux, qui menant plusieurs activités en même temps, s’en sortent sans casse, qu’elles, qu’ils, réussissent toujours à sortir de l’impasse, là où d’autres tombent, chutent ou font chuter, s’enlisent sans savoir passer d’une balle à l’autre. Bien mauvaise idée que de croire que ces deux là, aux gestes précis tiendraient la prouesse par la bride de l’autorité. Cette belle leçon de déconstruction du réussir nous obligent revoyant notre copie à aborder une énergie bien différente. Nous dirons qu’ils s’en chargent autrement. Les yeux bandés par un bandeau de scotch, pourquoi pas ajouter une difficulté à une autre, le regard voilé pour traverser une obscurité visuelle pour laisser apparaitre une vision du toucher, des objets, du sol, d’eux-mêmes. Les yeux ouverts à une autre perception, tout en corps, intérieure, concentrés sur la gravitation de leurs propres poids, ils nous font aimer un tâtonnement qui ne renverra jamais à l’approximation mais à la définition même de l’instant à reconstruire, au présent, toujours, en équilibre. Cette fragilité que tant d’autres ont cachée, ils en font leur monde, poétique, leurs précisions. Ce contact, cette manière bien à eux de jongler avec le regard même du public, qui comprend enfin le mot jongler. »