Extra
Plonger
Sarah Devaux - Cie Menteuses
Une fille marche au bord. Ça tremble, ça se meut étrangement, mais la fille marche, elle avance, elle monte les quelques marches et s’avance encore et encore.
Tout au bout, tout au bord. Quelqu’un est assis dans un genre de cabine, derrière une vitre complètement embuée. Il ne prête pas attention à la fille qui avance tout au bord. Il porte des lunettes de soleil_c’est la nuit_ainsi qu’un micro dans sa main gauche. Entouré de vieux vinyles, et d’un tourne disque qui diffuse un vieux tube de Pétula Clark… « La nuit n’en finit plus », il semble absorbé par autre chose, qui nous est inconnu. On ne sait pas s’il s’agit du Dj de la soirée mousse qui a mal tournée, ou d’un studio radio qu’on aurait transplanté là. La fille, celle qui marche, est arrivée au bout du plongeoir, au bord du vide. Son corps est en suspens. Elle hésite. Il ne fallait pas s’arrêter, mais c’est trop tard maintenant. Un vent se lève qui devient de plus en plus fort, bruyant et puissant qui retient la fille dans un équilibre face au vide quasiment magique.
C’est ici que s’ouvre un autre sens de « plonger » que celui du grand saut : celui de plonger dans les profondeurs aquatiques. De manière très concrète et physique d’une part, mais aussi et toujours en miroir de notre psyché humaine. En effet, l’eau avec ses figures mythologiques, ses symboles, ses multiples textures et l’imaginaire qu’elle déploie sont au cœur du projet.
SARAH DEVAUX Ecriture et artiste au plateau
Sarah est diplômée de l’ESAC (Bruxelles) depuis juin 2014. Là-bas elle se spécialise en corde lisse et y inscrit des rencontres qui marqueront la suite de son parcours. Notamment la collaboration avec Célia Casagrande-Pouchet, avec qui elle fonde la Cie Menteuses en 2015, et créent leur premier spectacle À Nos Fantômes, entourées de Mélissa Von Vépy et Tom Boccara (Réalisateur).
Sarah collabore aussi avec différent.es metteur.es en scène, au service de projets à la croisée du cirque, du corps physique et poétique, toujours emprunts d’une forte théâtralité.
Au sein de ces divers créations, Sarah tente de ré-inventer et redécouvrir cet espace aérien qui contient à la fois la suspension, l’envol, mais aussi la chute ou encore le vide. Sarah pousse ses recherches dans un langage métaphorique et un univers théâtral physique et singulier, où le cirque devient un moyen puissant pour raconter autrement.
Forte de toutes ces expériences, Plonger arrive à un moment de son parcours en tant qu’artiste de cirque où la nécessité se fait sentir de délaisser sa discipline première qu’est la corde lisse pour garder seulement l’essence de ce savoir faire, et le mettre au service d’un espace qui fait sens. Ici, la scénographie et l’agrès s’inventent d’abord en réponse à ce qui a envie de se dire. En cela, la rencontre avec Mélissa Von Vépy et de son langage résonnent fortement dans la création de cette nouvelle pièce.