Rivages

Rivages… un goût de mouvement… Les rives, les âges… une rive s’éloigne, tandis que l’autre s’approche à mesure que le temps passe.
Deux corps ou plutôt deux êtres, et deux bâtons ou plutôt deux lignes… Deux lignes reliant deux êtres permettant d’être dans une distance juste, fluctuante, plus ou moins lointaine fonction de l’instant. Le tout ne formant qu’une unité, une unité vivante, vibrante, organique. Trouver sa place, trouver le point d’équilibre, le seul où tous les déséquilibres s’annulent devenant non-force.
Une traversée, sans toucher le sol, une traversée en apesanteur… Une traversée vers où ? Avoir besoin l’un de l’autre pour aller jusqu’au bout. L’un tenant les bâtons sur lesquels l’autre évolue. L’un touche le sol, l’autre jamais.
De l’horizontale, les bâtons vont peu à peu s’incliner plus fortement au fur et à mesure de leurs déplacements, jusqu’à devenir verticaux par moment, les pentes proposées ne cessant d’offrir de nouveaux appuis, de nouveaux contrepoids aussi… Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un tube vertical. La traversée se poursuit mais vers le haut maintenant, c’est au-delà du mât chinois, une fragilité extrême où il s’agit de convier le maximum de délicatesse dans chaque geste.

C’est à cet endroit que l’on se rapproche du cirque, c’est dans le corps que ça se joue, en ce lieu où chaque déséquilibre, où chaque prise d’appui sur les bâtons ou sur le corps de l’autre devient une prise de risque en soi.
Fragile relation, fragiles ascensions. De l’horizontale jusqu’à la verticale, partir du couché pour se mettre debout. Jusqu’à la grande verticale érigée de fragilités en fragilités… Quand le fragile au-delà de ne plus faire peur devient même une force, devient ce que l’on a de plus beau à partager…
Il ne s’agit pas uniquement d’un voyage physique mais d’un voyage intérieur. C’est en cet endroit que nous souhaitons partager le plateau, là où les choses nous dépassent, nous échappent, et nous transforment..