Spectacle
Time to Tell
Martin Palisse | David Gauchard
Parfois des choses non choisies s’avèrent des voies intéressantes.
L’exploration du temps traverse l’œuvre de Martin Palisse depuis plusieurs années. Pour révéler ce rapport particulier, faire récit de son parcours, tout en le confrontant à sa pratique de jongleur, c’est avec David Gauchard qu’il s’engage dans cette création. À la manière d’un sociologue ou encore d’un reporter, le metteur en scène, homme de théâtre aguerri à la narration, capture la parole, micro-enregistreur à la main, comme il mène une enquête pour la mettre en scène en parallèle d’un acte de jonglage radical, fatiguant, endurant, lent, puissant, un acte extrêmement physique.
Time to tell est ce récit d’une vie, de la vie du jongleur fuyant la peine de son existence, un dévoilement de l’intime. Engagé dans un effort esthétique pour faire coexister au plateau un acte jonglistique, plastique, physique et abstrait avec la voix, la parole et une volonté théâtrale narrative, Martin Palisse aborde pour la 1ère fois le rapport physique à la maladie, de celle qui asphyxie, de son incidence dans le rapport aux autres, dans les choix de vie, les postures…
Il avance dans un couloir étroit, blanc, dans l’obscurité ou sur-exposé. Sa musique intérieure, sa voix, son souffle accompagnent ce parcours dans une tension permanente qui devra être explosée, dépassée par un acte physique libérateur et sauvage. Le factuel drôle et heureux de ce récit s’illustre dans cet entre-deux. Avoir recours à l’art et à la légèreté pour (sur)vivre.
LE MOT DE DAVID GAUCHARD
Depuis plusieurs années, je croise régulièrement Martin Palisse dans les salles de théâtre. Souvent il vient voir mon travail. Me félicite. Et la réciproque est vraie. Si elle se présente, je ne manque pas une occasion pour suivre sa démarche. J’aime son rapport à l’image, à la musique, je me sens proche. Mais ce qui m’impressionne le plus c’est sa rigueur, sa radicalité et sa capacité à émouvoir, raconter des histoires sans aucune parole, juste quelques balles. J’avoue n’avoir jamais vraiment eu un faible pour le jonglage, mais dès POST et Slow Futur, le travail de Martin a changé mon regard sur cette discipline. Et définitivement quand j’ai découvert Il est trop tôt pour un titre lors du « sujet à vif » d’Avignon 2016. Sa collaboration avec Halory Goerger a été magique, une véritable rencontre entre deux grands artistes.
Depuis quelque temps, je pousse ma recherche loin des grands classiques, j’aborde le théâtre contemporain soit en passant des commandes d’écritures à partir d’une idée originale que je propose, soit en partant à l’aventure dans une quête de théâtre dit documentaire ou du moins du réel (L’île la réunion avec le conteur Sergio Grondin, la Corée du Sud avec le chorégraphe Sung Yong Kim ou encore chez les Inuit du Nunavik pour produire mon premier spectacle jeune public).
Ces derniers temps, à la manière d’un sociologue ou encore d’un reporter, je mène des enquêtes, micro-enregistreur à la main, je capture la parole, sa verve, sa fragilité et je travaille ensuite à mettre en scène une restitution brute, sans artifice, utilisant les principes de jeu à l’oreillette.
Martin m’appelle fin novembre, notre premier enregistrement a lieu fin décembre.
J’ai embarqué.
CRÉATION
Du 09 au 13 novembre 2020 aux SUBS, Lyon Reportée du 02 au 06 février 2021 Reportée…